Fais-moi danser. Un extrait.
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Un homme d’une quarantaine d’années descendit d’une jeep bleue qui s’était arrêtée devant la maison et se dirigea le sourire aux lèvres vers la mère de Carine.

  • Mamie Myrna, comment ça va ?
  • Pas trop mal mon fils, pas trop mal.
  • J’ai apporté quelques provisions pour toi et Carine. Ne t’inquiète pas. Tout est sous contrôle. Vous ne manquerez de rien.
  • Merci mon enfant, merci. Carine est à l’intérieur et elle t’attend. Au fait, il semble que la batterie de son portable ne fonctionne pas et c’est la raison pour laquelle tu ne parvenais pas à la joindre. Viens, entrons.

Carine sourit en voyant arriver Robinson et se jeta à son cou.

  • Je ne t’attendais pas si tôt. Qu’y a-t-il ?
  • J’avais envie de te voir. Ai-je besoin d’une autorisation pour cela, demanda-t-il en souriant ?
  • Bien sûr que non.
  • Ta mère vient de me dire que ta batterie ne s’allume plus. Tu aurais dû m’en informer. Jacques est en train de transporter les provisions que je vous ai achetées. Cela vous évitera d’avoir à sortir pour faire des courses. Je lui demanderai de t’apporter une nouvelle batterie plus tard.
  • Merci Robinson. Que ferions-nous sans toi, maman et  moi ?
  • Carine chérie, tu sais que je n’aime pas que tu sortes seule. S’il te faut quoi que ce soit, appelle-moi. Jacques s’en occupera pour toi.
  • Mais Rob, je ne peux pas rester enfermée tout le temps,
  • Tu as largement de quoi occuper tes journées à la maison: télévision, radio, vidéo, ordinateur et internet. C’est pour cela que je te les ai offerts. Pour te distraire pendant que je travaille. De nos jours, les rues ne sont pas sûres avec tous ces cas d’enlèvements. Je ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose.
  • À moi ? J’en doute.
  • On ne sait jamais, mieux vaut être prudent. Allez, maintenant je dois partir. Je voulais juste te voir un moment, car je ne pourrai pas venir plus tard. Je n’ai pas fini de travailler et j’ai une chose importante à régler. On se voit demain ma chérie. Et n’oublie pas que je t’aime.
  • Je t’aime aussi, répondit-elle en l’embrassant.

Carine marchait lentement, la tête haute. Cette petite promenade lui avait fait du bien. Elle aurait voulu la prolonger encore un peu, mais elle voulait éviter que sa mère la réprimande pour sa sortie. Elle accéléra donc le pas et ne tarda pas à atteindre la maison qui ne se trouvait plus qu’à quelques mètres.

  • Maman, je suis rentrée.
  • Ah, tant mieux ! Cela fait une demi-heure que Robinson a appelé pour t’annoncer qu’il arrivait. Il était assez énervé de ne pas te joindre sur ton portable.
  • Comme toujours, il s’énerve pour peu de chose. À son âge, Il ferait mieux de surveiller sa tension.
  • Carine, je t’en prie ! Ne lui manque pas de respect. Pour le tranquilliser, j’ai dû lui faire croire que tu avais probablement encore une fois oublié de le charger.
  • Tu n’as pas eu tort. Il n’a effectivement plus de charge. Mais ce n’est pas parce que j’ai oublié de le brancher. Je crois plutôt que la batterie est en panne.
  • Tu devrais lui en parler. Cela évitera qu’il s’énerve la prochaine fois qu’il essaie de te joindre. J’entends justement le bruit d’une voiture et cela ne peut être que lui. Heureusement que tu as eu le temps de rentrer parce que quand je lui ai annoncé que tu étais sortie un moment pour acheter quelque chose, il était encore plus contrarié. Laisse-moi lui ouvrir la porte.

La musique commença et ils ne fûrent plus qu'un. Une énergie invisible les poussait l'un vers l'autre. Le bassin et les hanches connectés, leurs deux corps vibraient sous le rythme cadencé et sensuel de la musique.

Après le départ de Robinson, Carine réfléchit un instant puis appela sa mère.

  • Maman ? Maman, viens, il faut qu’on parle toutes les deux.
  • Me voici mon enfant. Que se passe-t-il ?
  • Tu sais, j’apprécie beaucoup Robinson, mais il m’agace vraiment quelques fois. Pour qui se prend-il donc ? Il me donne toujours l’impression qu’il veut contrôler mes faits et gestes. Voilà qu’il vient de me déclarer, de ne pas sortir seule.
  • Et alors Carine ? C’est une bonne chose. Te balader ainsi toute seule, ce n’est pas avisé.
  • Je vois que vous êtes sur la même longueur d’onde tous les deux. Mais dis-moi maman, était-il vraiment nécessaire de lui raconter que j’étais absente ? Tu n’aurais pas pu de préférence lui expliquer que j’étais sous la douche ?
  • Ma fille, tu dois comprendre que si cet homme s’occupe de toi ainsi que de ta mère, il a le droit de te faire des exigences.
  • Comment ? Tu es d’accord ? Tu penses toi aussi que je ne dois pas sortir ?
  • Ne pas sortir, non. Mais sortir seule peut être un danger pour une jolie fille comme toi. Si je n’avais pas eu l’habitude de me promener seule, je n’aurais jamais rencontré ton père et ma situation aurait été toute autre aujourd’hui. Tu sortiras avec lui et ce sera mieux. Ainsi, ceux qui vous rencontrent sauront que tu es déjà prise.
  • Maman, je n’ai que 21 ans ! Je n’ai encore presque rien découvert de la vie et tu voudrais déjà que je m’enterre. N’oublie pas que toi, tu es tombée enceinte à 20 ans.
    Justement ma fille, une simple petite erreur peut être fatale. Il n’y a rien de bien sérieux à découvrir à l’extérieur. Si jeunesse savait…
  • Tu ne vas pas maintenant me remplir la tête de tes sermons, n’est-ce pas ?
  • La vie n’est pas facile ma fille. Quand on n’a pas d’argent, elle devient encore plus difficile. Il faut aussi manger chaque jour. Aujourd’hui, c’est grâce à Robinson que nous sommes à l’abri de la faim. Tu sais très bien que cela n’a pas toujours été ainsi.
  • Tu as peut-être raison sur ce point. Mais n’oublie pas qu’il est nettement plus âgé que moi. Il pourrait être mon père. En plus, je ne sais pas… J’ai beaucoup d’affection pour lui, mais je me demande parfois si ce que je ressens pour lui, est vraiment de l’amour.
  • Qui te parle d’amour ? Ne comprends-tu pas que c’est à cause de l’amour que j’ai été si malheureuse ? Quand j’ai appris à ton père que j’étais enceinte, il a disparu. Il s’est enfui ! Je ne savais pratiquement rien de lui, mis à part qu’il était chargé de mission en communication et logistique à l’ambassade d’Italie. Quand j’ai essayé de le contacter par téléphone sur le numéro de l’ambassade, la secrétaire m’apprit qu’il avait été rappelé dans son pays d’origine. Je ne l’ai plus revu.
  • Mais maman…
  • Non, laisse-moi terminer. Il est temps que tu apprennes la vérité sur tes grands-parents. Ils ne sont pas morts comme je te l’ai fait croire jusqu’à présent. Mon père quand il apprit ce qui s’était passé n’a rien voulu entendre. À l’époque, une fille mère était mise au ban de la société. C’était pour lui une honte que son unique fille soit enceinte en dehors du mariage. Il a préféré me déshériter.
  • C’est une décision terrible.
  • Ça l’était en effet. J’ai dû quitter la maison familiale et prendre seule toutes les responsabilités.
  • Mais, et grand-mère dans tout cela ? Pourquoi n’est-elle pas intervenue ?
  • Au début, ma mère voulait m’aider et venait me voir en cachette en espérant que papa reviendrait sur sa décision. Elle m’apportait à chaque fois un peu d’argent. Mais mon père était un dur à cuire et maman le craignait trop pour aller à l’encontre de sa volonté. Elle a fini par arrêter ses visites. Et c’est ainsi que j’ai abandonné mes études universitaires de droit pour aller travailler. La vie ne fait pas de cadeaux. Ne te rappelles-tu pas qu’avant l’arrivée de Robinson je pouvais à peine joindre les deux bouts ?
  • Oui maman, bien sûr que je m’en souviens. Le bailleur était sur le point de nous évincer parce qu’on lui devait plus de trois mois de loyer.
  • Donc, si aujourd’hui nous avons un toit sur notre tête, c’est à Robinson que nous le devons. Alors ma fille, ne me complique pas l’existence, veux-tu ? La misère a un goût de fiel. Laisse-moi de préférence finir de ranger les provisions.

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